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Diner-débat de l’Association Movis au Sénat, sur le réchauffement climatique

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Invitée par la sénatrice de la Gironde, Nathalie Delattre* (qui était à Bordeaux pour accompagner les vignerons), l’Association MOVIS (de la presse du vin) a convié des invités de marque et ses membres à réfléchir à l’avenir de la vigne et du vin face au réchauffement climatique, au cours d’un dîner-débat au restaurant du Sénat, ce lundi 6 décembre.

Quelques mots de bienvenue et de remerciements ont été prodigués, avec bienveillance, par Philippe Bidalon (Président de Movis) et Vladimir Kauffmann (RVI).

Le débat a ensuite été animé par Pierre Guigui*, et a réuni :

– Jérémy Cukierman MW* : co-auteur de l’ouvrage Quel Vin pour demain ? Le vin face aux défis climatiques, avec Michelle Bouffard (symposium Tasting Climate Change) et Hervé Quenol (climatologue) a insisté sur la nécessité de l’adaptation à la vigne et et au chai pour la préservation des équilibres du vin avec une bonne nouvelle : “penser aux conséquences de chaque geste rend plus intelligent”.

– Eric Paul* (rejoint par Philippe Brisebarre*) a précisé le rôle de l’INAO dans l’adaptation du vignoble et son souhait d’être force de proposition et de solutions et non un frein, en AOP comme en IGP. Dans le viseur : les cépages à fin d’adaptation (hybrides, anciens ou étrangers) et le recours à l’irrigation, à introduire dans les cahiers des charges (ou pas, demande Jérémy Cukierman MW qui rappelle que l’AOP n’est pas un lieu d’expérimentation sur les cépages et que le manque d’eau appelle à adapter la plante plutôt qu’à l’irriguer. Les débats furent passionnants.)

– Guillaume Desperrières* a quant à lui évoqué le rôle de la vigne, témoin de l’évolution du climat avec des vins rouges languedociens à 11,5° d’alcool en moyenne en 1984 pour 14° aujourd’hui. Les cépages ne sont plus les mêmes, non plus que les rendements, la demande a changé mais “il faut changer de l’obsession de la demande qui nous a fait planter du pinot noir en Languedoc”. Entre faire le vin que l’on peut faire dans un contexte de changement climatique et faire celui qui se vendra… justement, la question de l’empreinte carbone offre la piste d’un nouveau modèle économique pour les exploitations viticoles, puisque la vigne est un agent de séquestration du carbone, rôle qui pourra être monnayé dans un avenir proche et qu’il convient donc d’encourager par des pratiques culturales adaptées.

Les questions ont suivi, passionnantes, engagées : l’export en bouteille et en vrac, l’adaptation à la demande, la bouteille allégée-bouteille fragile et la bouteille consignée…

Question à suivre, bien sûr, solutions à trouver évidemment, et ensemble : les appellations viticoles étaient fièrement représentées par l’Interprofession des Vins de Bordeaux (Marie-Catherine Dufour, Directrice Technique) et le syndicat des Vins de Châteauneuf-du-Pape (Michel Blanc, Directeur). Côté vins, Catherine Corbeau-Mellot représentait Sancerre (avec ses vins du domaine Joseph Mellot, dans les verres également) et Joël Bouielh, les coopératives de France. La Fédération Française des Spiritueux (FFS) a elle aussi pris la parole à travers son directeur, Thomas Gauthier, et son président, Jean-Pierre Cointreau, venu avec quelques flacons de Cognac Frapin.

S’il fallait retenir un point commun aux différentes interventions : l’invocation de la résilience. La vigne a connu des gels, de 1709 à 2021, les vignerons et viticulteurs ont connu des crises d’adaptation auxquelles ils ont su faire face : en évitant d’aggraver la situation, sans retenir ce qui doit mourir, mais en soutenant ce qui doit l’être et en compensant ce qui peut l’être. Bref, en innovant et en se réinventant, sans oeillères et sans dogme, car le gel, la grêle, la chaleur ou la sécheresse n’en connaissent pas.

Dans le cadre sublime du restaurant du Sénat, autour de mets divins impeccablement servis, la soirée a affûté les cellules grises autant que les papilles et démontré la valeur de l’échange et du partage qui sont les raisons d’être de MOVIS.

* Par ordre d’apparition :

Nathalie Delattre est présidente du Parti radical, conseillère municipale de Bordeaux, et conseillère de Bordeaux Métropole, sénatrice de la Gironde et vice-présidente du Sénat. Elle est également co-présidente de l’Association Nationale des Elus du Vin (ANEV).
Pierre Guigui est journaliste, organisateur de salons (Buvons Terroirs et Pantin Boit Bio), auteur et directeur de la collection le Savoir Boire chez Apogée. Il est également membre fondateur et passionnément actif de l’association des Vignerons Bretons et de Movis.
Jérémy Cukierman MW est marchand de vin, consultant, journaliste et directeur de la Kedge Wine School, département vin de Kedge Business School.
Eric Paul est viticulteur à Montfort-sur-Argens, président du syndicat des vignerons du Var et président du comité IGP de l’INAO.
Philippe Brisebarre est vigneron à Vouvray et président du Comité Permanent de l’INAO
Guillaume Desperrières est ingénieur agronome, oenologue et directeur général de la Société de Recherche et de Développement Viticole (SRDV) présidée par Matthieu Dubernet, laboratoire d’analyse et de conseil en oenologie experts en physiologie végétale.

Communiqué rédigé par Anne Serres (Movis)

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