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Ciel toujours bleu pour les rosés.

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Les rosés ne cessent d’avoir le vent en poupe ; dans un contexte de production mondiale de vins tranquilles en phase de stabilisation, ils poursuivent leur progression depuis une dizaine d’années, toujours plus pâles et plus sucrés. Les rosés gagnent du terrain dans les verres. Ils ont progressé de 7,7 % depuis 2002, la couleur étant passée désormais de 8,5 % à 9 % de la production mondiale (près de 24 M hl).

La France reste le premier producteur mondial ; elle détenait 24 % de PDM en 2002, 27 % en 2011. Mais si avec l’Espagne, l’Italie, les États-Unis et l’Allemagne, ces cinq marchés pesaient 88 % de la production, il y a 10 ans, leur part est descendue à 80 % par l’arrivée récente de grands pays producteurs sur ce créneau tels l’Argentine et la Russie. Si l’Allemagne et l’Italie ont augmenté leur production, les États-Unis et l’Espagne l’ont en revanche baissée. « Ce sont les vins à 10 grammes de taux de sucre par litre représentant la moitié de la production qui progressent avec une préférence pour la couleur pâle, reconnaît Michel Leclerc, chargé des études économiques au CIVP (Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence). La moyenne qui était de 2,8 g/l en 2002 atteint aujourd’hui 4,4 g et les rosés demi-secs sont même passés de 4 à 12 g alors que les rosés secs ont plutôt stabilisé leur teneur en sucre. » Autre grande tendance sur l’intensité colorante qui ne cesse de diminuer avec un éclaircissement en France notamment dans le Sud-Ouest, à Bordeaux et en Languedoc mais aussi en Grèce, en Italie…

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« La Provence garantit une fraîcheur plutôt exemplaire en général grâce à de fortes rotations, les deux tiers des vins en rayon étant du dernier millésime, estime Philippe Couderc. Un segment de rosés semble toutefois émerger mais certains pays comme ceux de l’Hémisphère Sud en 2012 commercialisaient encore 2010 et 2011 pour écouler des stocks importants. » La marque domine en général sur l’étiquette, une tendance encore plus marquée en Espagne, aux États-Unis et en Argentine à plus de 90 %, seulement à 61 % en France, 51 % en Italie. Globalement, le cépage apparaît en général sur la bouteille, souvent en monocépage, moins en France qui produit principalement des rosés d’assemblages. Lorsque le cépage est indiqué, on retrouve le grenache à 26 %, la syrah à 23 %, le cinsault pour 19 %, le cabernet sauvignon pour 12 % le merlot pour 10 %… La mention du cépage est plus fréquente en Espagne et en Italie affichant un ou deux cépages sur l’étiquette et aux États- Unis mettant en avant le white zinfandel.

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Seuls l’Allemagne, la Suisse, les États-Unis et le Japon ne suivent pas cette tendance. « Les échanges internationaux se font surtout sur les premiers prix ou sur les hauts de gamme, analyse Michel Couderc. Sur cette deuxième catégorie, on constate une plus grande mise en avant de la marque, des couleurs plus claires et moins de sucre. » L’Italie est devenue en dix ans le premier exportateur de rosé (40 % contre 26 % en 2002) doublant l’Espagne descendue de 45 à 25 % de PDM. Autres belles progressions, celles de l’Hémisphère Sud tandis que La France plafonne à 13 % en termes de PDM mondiales bien que les exportations françaises aient fait un bond de 30 % (1,17 M hl au total), surtout vers des destinations européennes (Allemagne, Belgique, Pays-Bas).

La Provence à elle seule atteint désormais 14 % d’exportations (plus de 160 000 hl), en hausse de 23 % en 2012, plus vite que la moyenne française sur la décennie, et de 92 % en dix ans. Les prix de vente sont par ailleurs mieux valorisés en moyenne autour de 3 € (plus de 4 € en Amérique du Nord et au Japon, et même plus de 5 € en Norvège et en Russie).

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En GMS (271 M l.), le poids du rosé continue à progresser avec 28,2 % de PDM (16,3 % en 2000, 20,4 % en 2006, 24,7 % en 2009). En volume, il dépasse le blanc depuis une vingtaine d’années mais seulement depuis 2009 en valeur.

La tranche de prix des rosés de plus de 4 € a d’ailleurs progressé de près de 27 % depuis 2010, celle des Provence de 42 %. Les trois AOP de Provence affichent désormais un prix moyen d’environ 3,50 € supérieurs aux bordeaux rosés ; seuls les sainte-victoire, tavel et bandol dépassent les 5 € en prix moyen.

La consommation de rosé s’est développée en général : 35 M d’adultes sur 51 déclarent en consommer en France même si ce chiffre tend à se stabiliser depuis quatre ans. Mais il a surtout progressé chez les femmes (31 % déclarent en consommer contre 23 % en 2008) et les jeunes (passés de 28 à 32 % dans le même temps), grignotant des PDM principalement chez les 18-24 ans (un tiers de leur consommation en rosé) « qui deviennent la tranche d’âge la plus consommatrice, sans complexe ni honte d’avouer boire du rosé comme les 45-54 ans, avoue Jean-Philippe Perrouty, directeur de Wine Intelligence France. « La couleur reste néanmoins transgénérationnelle avec des moments de consommation décomplexés, de plus en plus hors repas, associés à la convivialité » estime l’étude de Wine Intelligence. Si le Val de Loire et la Provence n’arrive respectivement qu’en 4ème et 6ème région viticole connue en notoriété assistée, elles se positionnent en 2ème et 1ère position en matière de rosés, la Provence avec 79 % des personnes interrogées la connaissant pour les vins rosés (90 % chez les plus de 45 ans) et le Val de Loire (61 %). Suivent ensuite parmi les régions citées le Languedoc-Roussillon, le Bordeaux, le Pays d’oc, le Sud-Ouest… « Si on dit rosé à un consommateur, la première chose qui lui vient à l’esprit, c’est Provence, reconnaît Jean-Philippe Perrouty. Ce sont les plus connus, les plus présents à l’esprit et les plus achetés. »

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« Les formats tendent également à se diversifier et l’on voit de plus en plus de domaines vendre des magnums notamment dans la restauration locale » reconnaît François Millo, directeur du CIVP. « Ce format est en forte croissance depuis cinq ans en restauration et chez les cavistes, ne serait-ce que pour l’aspect esthétique en rayon, confirme Guy Négrel du Mas de Cadenette. Et pas seulement en France. Nous recevons également des demandes de Grande-Bretagne, d’Allemagne, des États-Unis. On voit même se développer la demande en jéroboams auparavant inexistante et aujourd’hui, quasiment tous les opérateurs de côtes de provence proposent des grands formats. »

Mais la demande comme la visibilité la plus forte est particulièrement localisée dans les stations balnéaires de la Côte d’Azur, en particulier à Saint-Tropez où le show off est de mise. « La demande ne cesse de progresser en restauration, à l’exportation en particulier des nouveaux clients comme le Danemark, les pays de l’Est, le Brésil, les États-Unis mais également en GMS, raconte Olivier Maquart, directeur du Moulin de la Roque (ex-DG des Maîtres Vignerons de Saint-Tropez). La première fois que nous avons reçu une commande de 75 palettes, nous nous sommes demandés si ça n’était pas une erreur mais sur les 2,7 M de cols vendus chaque année par les Maîtres Vignerons, nous étions arrivés ces dernières années à vendre entre 50 et 80 000 magnums. Ce qui est une sacrée contrainte pour un opérateur car ce format nécessite un remplissage à la main plus délicat et des étiquettes également apposées manuellement. D’où un prix au litre forcément plus élevé au vu de la main-d’oeuvre supplémentaire nécessaire.

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Lire le dossier complet dans la RVI 3910 de juillet-août 2013.

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