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Brésil, nouveau venu dans la cour des grands vins

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À quelques semaines des JO de Rio 2016, l’atmosphère monte d’un ton au Brésil. Côté vignoble, l’ambiance n’est pas mal non plus. Fascinant de part sa diversité de cultures – 1er producteur mondial de café et de soja, 1er exportateur de jus d’orange, plus vieux pays producteur de cacao – le pays est en pleine révolution viticole.

Une viticulture arrivée tardivement à maturité

La viticulture brésilienne peut se targuer d’une viticulture vieille de 700 ans (1532, sous l’impulsion du portugais Martim Afonso de Souza), bien qu’elle ne se développe réellement qu’avec l’arrivée des immigrants italiens, à partir de 1875. Toutefois, il faudra attendre l’ouverture économique du marché aux importations au début des années 1990 pour que les consommateurs réalisent ce qu’était un « bon » vin sur un plan international et que les producteurs aient accès à des équipements modernes. L’arrivée simultanée de multinationales (telles Chandon, Seagram, Martini ou encore Cinzano), a également contribué à l’amélioration de la qualité des vins et du boom spectaculaire du pays sur le devant de la scène. Aujourd’hui, sixième plus grand producteur de vin dans l’hémisphère sud – avec 2.73 M hl pour 79 000 hectares et environ 1100 domaines viticoles – le Brésil rivalise avec les vins du monde entier et joue (sans prétention) dans la cour des grands.

 

Wines of Brazil – une stratégie de communication payante


Patricia Carraro et Vladimir Kauffmann (RVI) dans la « Serra Gaúcha » – Mars 2016
(c) RVI

Souffrant d’un déficit d’image et de reconnaissance sur la scène internationale jusqu’à la fin des années 1990, les autorités compétentes du pays décident d’axer leur communication autour de quatre axes forts :

-faire reconnaître le Brésil comme un acteur légitime : obtenant en 1996 un siège à l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV) ;
-promouvoir les producteurs de vin du Brésil : en créant l’Institut du vin brésilien (Ibravin) – plus connu à l’international sous le nom de Wines of Brazil – et qui permet également de concilier les préoccupations de chacun des acteurs de la filière ;
-offrir un meilleur accès à la connaissance : 1998 sera l’année de la première promotion de l’École d’Oenologie de Bento Gonçalves (« la ville du vin » de la Serra Gaúcha) ;
-mettre en place un terroir spécifique, avec en 2002 la création de la première indication géographique pour les vins de la Vale dos Vinhedos (suivit par les régions de Pinto Bandeira, Altos Montes et Monte Belo). Cette reconnaissance a apporté avec elle des avantages commerciaux et marketing pour les régions concernées, et a encouragé d’autres zones de production à suivre le même chemin.

Résultat, au cours des 10 dernières années, les vins brésiliens ont été exportés vers plus de 70 pays.

Des vins effervescents de classe internationale

Le constat est sans appel : la bulle brésilienne est superbe. Que ce soit en méthode traditionnelle ou en méthode Charmat (1) (plus industrielle, mais pouvant donner de beaux résultats), les vins effervescents brésiliens sont d’une grande constance. Comme la délicieuse cuvée « GRAN Nature 2009 » du domaine Casa Valduga (70 % chardonnay, 30 % pinot noir). L’année 2013 marquera d’ailleurs le centenaire du vin le plus célèbre du Brésil : le « mousseux ». Produit dès 1913 par l’immigrant italien Manoel Peterlongo, il a eu un rôle fondamental dans le développement de l’industrie et fut responsable des premières exportations. Les raisins les plus couramment utilisés pour les vins effervescents sont le chardonnay et le pinot noir, parfaitement adaptés aux conditions climatiques du sud du Brésil.

La Vale dos Vinhedos, pionnière en oenotourisme


(c) Famille Carraro
La Vale dos Vinhedos, véritable joyau viticole brésilien, est une carte postale à ciel ouvert : des reliefs escarpés, une topographie morcelée et parsemée de petites collines culminant à 700 mètres d’altitude, où les vignes sont majoritairement plantées en coteau.  Et la région a tout compris : l’oenotourisme y est partout ! Dans un monde où la surproduction et la concurrence font rage, la clé du succès et de la reconnaissance passe d’abord par une image forte. Autrement, n’importe quel nouveau vin – aussi qualitatif soit-il – peut ne jamais recevoir la reconnaissance qu’il dessert. C’est pourquoi au domaine Casa Valduga, Maria Valduga, la grand-mère bienveillante était précurseur en la matière : elle aimait offrir à manger à chaque visiteur de passage. Aujourd’hui, les domaines rivalisent de créativité, comme chez Miolo avec le projet « Winemaker », où des amateurs de vin viennent cinq fois par an pour apprendre à faire le vin. Ou encore chez Lidio Carraro (2), où l’une des cuvées du domaine a été choisie en 2014 comme vin officiel de la coupe du monde de football au Brésil. Une revanche amicale pour un domaine qui a débuté en 1998, année d’un fameux 3-0 de la France face au Brésil. Un doux souvenir, qui semble déjà bien lointain…

(1) Méthode Charmat (méthode de fermentation en cuve close). Cette méthode fait appel aux mêmes principes que la méthode champenoise ou traditionnelle avec cependant une différence de taille : la prise de mousse se déroule dans une cuve sous haute pression et non en bouteille, ce qui permet la clarification finale du vin en vrac. Elle porte le nom de son inventeur en 1907, Jean-Eugène Charmat de l’université de Montpellier. La plupart des effervescents de type Prosecco spumante, Lambrusco italiens et Sekt  allemands recourent à la méthode Charmat.

(c) Ageancia-Dharma
(2) Les vins Lidio Carraro – coups de cœur de la RVI – sont distribués en France par Vins du Monde


Jean-Baptiste Ancelot
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